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Une approximation typographique
Une tentative d’approximation typographique d’une page d’Alexander Grothendieck
samedi 8 février 2020, par
C’était un dimanche maussade du mois d’août en l’an 2005. Parce que oui, même en août, il y a des dimanches maussades ; sentiment sans doute favorisé par la proximité de la rentrée.
Bref, je me sentais un peu désœuvré et j’ai eu envie de regarder aux travaux de la cellule Numdam de l’institut Fourier, cellule dont le directeur m’avait un peu parlé. Cela se passait et se passe toujours sur ce site internet. En fouillant un peu, je trouvai un article d’Alexander Grothendieck, qui faisait partie des annales de l’institut Fourier pour l’année 1952. Cet article était un résumé des résultats essentiels du travail de l’auteur sur les « Produits tensoriels topologiques et espaces nucléaires ».
On se doute bien qu’un article de ce genre n’est pas d’un abord facile, c’est en ce qui me concerne une litote. J’aurais pu en rester là, mais j’ai été attiré par la typographie mise en œuvre, notamment par le fait que la police de base pour ce texte (très probablement composé au plomb) appartenait visiblement à la famille des didots. Je n’ai pas à l’époque cherché à en savoir plus, mais comme je disposais (depuis plusieurs années) d’un système de composition mathématique utilisant la police Linotype Didot, conçue par Adrian Frutiger en 1991, je me mis en tête de tester ce système, qui n’avait jusqu’alors pas beaucoup servi, en me lançant dans l’imitation d’une ou deux pages de l’article.
J’ai donc sélectionné une de ses pages, que voici :
Et je me suis mis au travail.
Le logiciel de composition scientifique que j’utilisais (et que j’utilise toujours) est Tex, ou plutôt Latex. Il s’agit d’un logiciel libre développé en 1977 par l’informaticien américain Donald E. Knuth, qui est rapidement devenu l’unique outil utilisé par les mathématiciens pour l’ensemble de leurs publications.
Le logiciel Tex est « livré » avec tout un système de polices scientifiques (le système Computer Modern). Le caractère Didot, quant à lui est uniquement destiné au texte : pour lui faire composer des mathématiques, il faut lui adjoindre diverses polices utilisant des codages dédiés à la composition mathématique et regroupant tous les symboles nécessaires qu’il m’a fallu « emprunter » à d’autre polices déjà existantes : Computer Modern, bien sûr mais aussi un grec ou des scriptes venus d’ailleurs. J’ai même dessiné à l’aide d’un logiciel dédié certains symboles, intégrales ainsi qu’opérateurs produit et somme notamment. On se doute que la réalisation de ce système (même s’il n’atteint pas la sophistication du système Fourier, que je réalisai peu après pour le Groupe français des utilisateurs de Tex) m’a demandé pas mal de temps dans le cadre de ce que je considérais et que je considère toujours comme mes loisirs.
La réalisation quelques années plus tard de ce que j’appelais familièrement « le clone » fut en revanche assez rapide, disons quelques heures consacrées à la saisie de la page choisie au format du logiciel TeX et à la prise en compte de certains paramètres, comme l’empagement, l’interligne, les espacements verticaux, le choix de parenthèses droites même dans les passages en italique, etc.
On peut considérer que tout ce travail n’est pas très utile dans l’absolu, mais il est en réalité très formateur : en le réalisant, j’ai beaucoup appris. Voici le résultat :
Sitographie