Accueil > Bande dessinée > Jacques Gipar

Jacques Gipar

Les aventures en BD d’un journaliste aventurier

mercredi 23 octobre 2019, par Michel Bovani

Les aventures de Jacques Gipar constituent une série en bandes dessinées proposée par deux auteurs : Thierry Dubois, scénariste et Jean-Luc Delvaux dessinateur.

Ces livres, édités chez Paquet dans la collection Calandre consacrée à l’automobile et même plus précisément à l’automobile ancienne, nous racontent les aventures d’un journaliste enquêteur dans les années 50. Les histoires sont le prétexte à nous présenter la vie des Français durant cette période dans des contextes qui privilégient l’automobile, le réseau routier et plus généralement les rapports sociétaux de l’époque. L’ensemble est extrêmement bien documenté et daté : par exemple la Ford Vedette Trianon flambant neuve de Gipar qui apparaît dans le dernier opus (Gaby le magnifique) fut présentée au public en septembre 1954, lors du salon de l’auto, tandis que l’action de cet album est précisément située à l’automne 1954. Cela n’est d’ailleurs pas bien surprenant lorsque l’on sait que Thierry Dubois est un spécialiste reconnu dans le petit monde de la voiture ancienne où il intervient tour à tour comme illustrateur, comme reporter et comme organisateur d’événements. Ce souci pédagogique des auteurs se retrouve à la fin de chaque album où le lecteur trouvera une carte détaillée des routes sur lesquelles se déroule l’action, conforme aux tracés de l’époque, ainsi qu’une planche présentant un des véhicules dessinés dans l’album.

Contrairement à ce qui a pu être écrit ici ou là, les scenarii sont de qualité et ne manquent pas de rebondissements, mais ils restent en revanche dans l’esprit évoqué ci-dessus et privilégient des histoires qui se déroulent « au bord des routes » : bandits détrousseurs de touristes, rackets de bars et de restaurants, trafics de denrées diverses, si possible suffisamment encombrantes pour justifier de l’apparition dans le récit de chauffeurs routiers et de leurs camions.

Le dessin rattache ces albums à la bande dessinée franco-belge, sans doute à mi-chemin entre Spirou et Tintin, ou, pour le dire sur un mode plus érudit, entre la ligne claire et le style atome, encore que je sois de moins en moins convaincu de la pertinence de ce genre de classification. Les attitudes ainsi que les mouvements des personnages sont bien rendus et les personnages récurrents, apparus dès les premiers albums, sont toujours parfaitement identifiables, même si les détails de leur apparence se précisent au fil des parutions. Les décors, immeubles, enseignes, maisons, mais aussi bord des routes avec ce que cela comporte comme platanes, bornes kilométriques, panneaux indicateurs et publicités peintes, sont rendus avec minutie et réalisme. Dans le dessin des véhicules, on retrouve un grand souci du détail et un traitement sans faille des perspectives et des proportions, qui les rend immédiatement identifiables (ce qui est beaucoup plus difficile à réaliser qu’il n’y paraît). Le mouvement de ces véhicules est rendu de façon classique en combinant les habituels traits de mouvement (dont il est fait un emploi parcimonieux, mais très efficace) et un traitement particulier des roues, légèrement surdimensionnées et décollées du sol : les autos de Jean-Luc Delvaux semblent survoler les décors et ainsi s’en détacher.

Il est d’ailleurs à noter que Thierry Dubois, même s’il n’intervient qu’en tant que scénariste dans les aventures de Jacques Gipar, est lui-même un illustrateur de talent et que son style n’est pas si éloigné de celui de Jean-Luc Delvaux, tout en se rapprochant davantage, du moins en apparence, de l’esquisse, ce qui le rend sans doute plus adapté à l’illustration ponctuelle. Les phylactères sont en forme de bulles avec une écriture en capitales qui gagnerait à mon sens, et c’est le seul reproche que j’ai envie de formuler, à l’emploi d’une taille plus discrète.

Liste des albums de la série (mis à jour le 7-10-22)

  1. Le Gang des pinardiers.
  2. Le Retour des Capucins.
  3. Une 2 CV pour Luciano. Recueil de trois histoires courtes.
  4. La Femme du notaire.
  5. Trafic sur la grande bleue.
  6. La Station au clair de Lune. Suite du précédent.
  7. Gaby le magnifique.
  8. L’Écho de la taïga.
  9. Le Christ de Saclay.
  10. Le Trésor de Noirmoutiers.