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Blue & Orange
Les couleurs d’une écurie mythique
samedi 15 septembre 2018, par
Ces deux couleurs, bleu et orange, sont celles du pétrolier Gulf Oil, une compagnie internationale fondée en 1901. Au Mans, l’histoire commence en 1963, lorsqu’Henry Ford II se met en tête de construire une voiture capable de gagner les 24 heures, après avoir vainement tenté de racheter Ferrari. La voiture est la célèbre Ford GT 40 qui participe à l’épreuve mancelle pour la première fois en 1964. La victoire sera au rendez-vous en 1966. Ford avait engagé pas moins de 13 voitures, dont seules 3 seront à l’arrivée, mais aux 3 premières places. Ford remporte à nouveau une victoire insolente en 1967, puis la fédération internationale de l’automobile prend l’initiative de modifier de façon importante la réglementation des courses d’endurance. Ferrari décide alors de suspendre sa participation au championnat et Ford confie son destin à John Wyer, ancien pilote vainqueur du Mans en 1959, mais aussi ingénieur et directeur de l’écurie britannique John Wyer Automotive Engineering, sponsorisée et soutenue par Gulf. Sous les couleurs emblématiques de Gulf, John Wyer offrira encore à Ford deux victoires, avant de se tourner vers Porsche. La marque allemande ne permettra pas à l’écurie de renouer avec la victoire, mais c’est bien au volant d’une Porsche 917 aux couleurs de la Gulf Oil que l’on verra dès 1970 l’acteur Steve McQueen prendre part aux 24 heures, à l’occasion du tournage du film Le Mans.
La Ford GT 40 n° 6, je l’avais déjà photographiée en 1968, au salon de Paris. C’était la première et dernière fois que j’y allais (comme quoi, je ne suis pas complètement irrécupérable), mais c’était une belle année. Ferrari présentait la Daytona 365 GTB4 ; il y en avait même deux, une rouge sur le stand Ferrari et une bleu nuit sur le stand Pininfarina. À l’époque, même un gamin de 15 ans pouvait s’approcher sans que personne ne vérifie son carnet de chèques. Peugeot présentait la 504 (Pininfarina toujours) et Bertone présentait l’incroyable Carabo. Mais surtout, sur le stand Ford, il y avait la GT 40 qui avait gagné Le Mans, présentée avec les salissures de la course, soigneusement préservées. Elle portait le numéro 1, mais j’ai appris aujourd’hui que c’était la même voiture qui avait remporté la course l’année suivante, avec le numéro 6, cette fois. Cette voiture, la P/1075, a donc une histoire… Ce d’autant plus que lors de l’édition 69, elle était aux mains de Jacky Ickx et Jackie Oliver. Ickx s’était insurgé contre les départs en épi (les pilotes traversaient la piste en courant, sautaient dans leur voiture et démarraient, le plus souvent sans s’être attachés) qu’il jugeait extrêmement dangereux. Au top du départ, il a traversé tranquillement, a pris tout son temps et est parti bon dernier. En gagnant la course, il a gagné son pari, et dès l’année suivante, on est venu à un départ arrêté sur grille classique. Ce fut un peu chaud quand même parce que la victoire de 1969 s’est jouée avec le plus petit écart enregistré au Mans entre le premier et le deuxième : 120 mètres.